Le réalisme dans le jeu vidéo

Le réalisme dans le jeu vidéo

Le réalisme dans le jeu vidéo

Depuis quelques années maintenant, certains jeux proposent une expérience de plus en plus réaliste. Cette notion de réalisme peut se transmettre par les graphismes, le son, le scénario et bien d’autres éléments. Un jeu réaliste, c’est bien, mais cela peut ne pas convenir à tout le monde et parfois, une expérience trop proche de la réalité peut altérer le plaisir de jeu. 

La première chose que l’on voit, c’est l’image

Comme nous l’avions évoqué dans l’article sur l’évolution du jeu vidéo, les graphismes d’un jeu posent généralement le premier jugement du spectateur. Et lorsqu’on parle de réalisme, on s’imagine aisément des graphismes proches de la réalité. Mais attention de ne pas confondre qualité graphique et graphismes réalistes. Aujourd’hui la quasi totalité des jeux ont une très belle esthétique, les jeux optant par exemple pour un style rétro nous l'ont prouvé à de nombreuses reprises. 


Dead Cells, sorti en 2017

Qu’est ce que peuvent apporter des graphismes dits réalistes à notre expérience de jeu ?

Une image proche du réelle va forcément renforcer l’immersion et l’impression de réalité pour le joueur. Cela vaut aussi bien pour l’environnement que pour les personnages. Beaucoup de jeux vidéo ont aujourd’hui une esthétique dite photoréaliste. C’est une forme d’art qui consiste à reproduire le plus fidèlement possible une photographie sous une autre forme de média, en l'occurrence ici le jeu vidéo. Avec les possibilités technologiques actuelles on pourrait même parler d’Hyperréalisme, qui consiste à reproduire à l’identique une image sur un autre média, au point de ne plus faire la différence entre la vraie et la reproduction.


Le jeu Get Even (2017) utilise la technologie Thorskan qui permet de modéliser en 3D un environnement photographié au préalable

Pour les personnages, la motion capture et la performance capture sont des atouts majeurs, comme nous l’avions déjà évoqué dans l’article cité plus haut. D’ailleurs, ces technologies ne sont pas utilisées que pour les humains, les animaux aussi ont le droit de se prêter au jeu. 


Motion Capture réalisée sur un cheval pour Call of Duty : Black Ops II (2012)

Ces deux point permettent de créer une expérience visuelle se rapprochant au maximum de la réalité. Il est possible aujourd’hui de distinguer précisément les émotions d’un personnage, les poils d’une fourrure d’animal ou les mailles de tissu d’un vêtement. Comme en vrai. Tout cela est bien joli mais s’arrêter là serait trop simple… Admettons qu’un jeu soit réaliste graphiquement, c’est bien, encore faut-il que la physique du/des personnage(s) avec l’environnement soit compatible.

Une physique à la hauteur des graphismes

C’est là que réside le principal problème d’un jeu qui dispose de graphismes réalistes, tout doit être réaliste (à moins d’assumer un éventuel non-réalisme sur certains points). Par exemple, la moindre animation hasardeuse ou collision un peu buggée va donner une impression d’étrange au joueur. Il ne suffit donc pas d’avoir une esthétique réaliste pour l’être totalement. Certains studio comme Rockstar ou Naughty Dog l’ont bien compris, dans leur plus récents jeux (Red Dead Redemption II, Uncharted 4…) le soin apporté aux animations est impeccable. La démarche du personnage, sa manière de prendre un objet, son interaction paraissant naturelle avec ce qui l’entoure (par exemple une main se mettant à frôler une paroie lorsqu’on s’en approche)... tout est pensé pour se rapprocher le plus de la réalité. 

On l’a bien compris, les graphismes et la physique sont deux points très important quand on évoque le réalisme, mais il ne sont pas nécessairement indispensables.

Qu’est-ce qui est réaliste ?

Le réalisme ne se limite pas aux deux éléments évoqués ci-dessus. Parce qu’au fond, qu’est-ce qui est réaliste ? Pour une personne aveugle par exemple, cela va concerner le son et les sensations (physiques, psychiques et mentales). D’ailleurs Concernant le son, il peut, soit jouer un rôle d’accompagnateur à l’expérience de jeu, soit complètement essayer de retranscrire fidèlement les sonorités du monde réelle. Cela peut être le piaillement des oiseaux, le son d’une chute d’eau, les bruits ambiants d’une ville ou dans un registre différent, le bruit d’une arme à feu. Les jeux de tir, et de guerre notamment, en font d’ailleurs un de leur argument de vente. Les sonorités de la guerre et du champ de bataille se doivent d’être parfaites pour un maximum de réalisme.


La série Battlefield est très réputée pour son sound design de grande qualité (image : Battlefield 1, sorti en 2016)

Un autre point important est le scénario et l’époque. Nombreux sont les jeux à nous embarquer dans des univers fictifs, de science-fiction, post-apocalyptiques, fantaisistes etc. et bien qu’il peuvent être très cohérents, un jeu où l’action se déroule à notre époque ou à une époque passée, se rapprochera forcément plus de la réalité car il pourra aisément se référer aux archives historiques. Par exemple, la série Assassin’s Creed est très réaliste sur la représentation des époques qu’elle met en scène. Assassin’s Creed II, qui se déroule au XVè siècle lors de la Renaissance italienne, nous fait voyager à Florence, Venise ou encore Monteriggioni. L’équipe artistique a dû passer plusieurs jours en Italie afin de visiter ces lieux et de les prendre en photos, pour les reproduire virtuellement le plus fidèlement possible, en corrélation avec de nombreuses recherches.


La ville de Venise dans Assassin’s Creed II (2009) est fidèlement reproduite, ce qui renforce l’immersion 

On pourrait aussi évoqué l’intelligence artificielle (IA), qui constitue encore aujourd’hui l’un des aspects les plus complexes du jeu vidéo. Difficile de faire une Intelligence Artificielle (IA) réaliste sans trop empiéter sur la difficulté. C’est un sujet délicat que nous avions déjà évoqué dans cet article : L'IA, membre essentiel du jeu vidéo.

Un jeu peut donc intégrer tous ces éléments pour être le plus réaliste possible, sur tous les points, et tenter de se rapprocher au maximum de notre réalité. Mais il peut aussi intégrer seulement quelques éléments, pour un rendu final de qualité sachant se démarquer du marché, grâce à ces fameux éléments.

Quand le réalisme peut être un inconvénient 

Dans un article du Monde diplomatique, le développeur suédois Johan Andersson du studio Paradox Interactive (Europa Universalis IV, Stellaris) explique : 

“La réalité est trop complexe pour être reproduite, surtout si l’on cherche à créer une expérience plaisante.”

L'intérêt premier du jeu vidéo est en effet de divertir. Et il faut faire attention de ne pas confondre les jeux vidéo “classiques” avec les simulations. Ces dernières se doivent justement de simuler le réel, plus ou moins fidèlement. Un joueur qui achète et qui joue à une simulation sait à quoi s’attendre. Au contraire, lorsqu’on joue à un jeu vidéo “classique”, on ne s’attend pas forcément à devoir patienter plusieurs minutes durant un trajet ou à nourrir obligatoirement son personnage. Certains jeux qui intègrent des notions de réalisme s'adressent parfois à un public spécifique et averti. Red Dead Redemption II n’a pas convenu à tout le monde, considéré comme trop lent par certains joueurs. Le jeu amène à prendre son temps et à simuler la réalité sur quelques points : dormir, panser sa monture, manger, voyager (à cheval, ça prend du temps)... Concernant les voyages, l’ambitieux Star Citizen tend vers la simulation, notamment lors des escapades spatiales, il faut plusieurs minutes pour partir d’un point A et atteindre un point B, et ces minutes ne se limitent pas au quart d’heure mais peuvent bien souvent dépasser la demi-heure.


Il faut faire preuve de patience pour parcourir l’espace dans Star Citizen (encore en Alpha)

Le journaliste de Jeuxvidéo.com MrDeriv énonce dans un article sur le sujet :

“Le réalisme dans le jeu vidéo s'arrête là où il commence à entraver le plaisir de jeu”

Bien que les jeux évoqués précédemment disposent de plusieurs éléments de réalisme, il y en a toujours d’autres qui nous rappellent que nous sommes dans un jeu vidéo : un inventaire bien trop grand pour un être humain, une endurance hors pair ou bien le simple fait d’avoir une barre de vie (ou une alternative). Un jeu vidéo où tout corresponderait à la réalité ne serait-il pas une plaie finalement ? 

Quoi qu’il en soit, le média a assez évolué pour nous proposer des expériences en tous genres, intégrant chacunes leur dose de réalisme à divers niveaux. Les limites du rapport au réel continuant néanmoins d’être explorées, c’est au joueur de faire son choix parmi le vaste catalogue qui se présente à lui, voguant entre des jeux plus ou moins réalistes.


Sources :

https://www.monde-diplomatique.fr/2013/12/LEFEBVRE/49922
http://www.jeuxvideo.com/news/966423/billet-trop-de-realisme-entrave-le-plaisir-de-jeu.htm
https://fr.wikipedia.org/wiki/Assassin%27s_Creed_II#D%C3%A9veloppement

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Ylonith
Ylonith

Voyageur de mondes virtuels, passé par Midgar, Skellige et les terres d’Azeroth. Admirateur de jeux enchanteurs, et explorateur du multivers vidéoludique.